Dur de les réunir les Posse’tillon. En effet, le groupe qui s’est fait connaitre à Dijon n’y a pas laissé beaucoup de représentants. L’un vit à Lyon, l’autre à Besançon, quant au troisième, on ne sait plus vraiment… Trois seulement ? Non. Mais en juin dernier c’est une formule réduite du groupe qui a sorti le disque “Ceci n’est pas un exercice” : Arcel Vice et Zeko ont posé leurs voix sur les musiques de Wasta pendant que Nersi subissait une crise de schizophrénie musicale et que Secos était, à coup sûr, en train de siroter deux ou trois “bières de prestige” sur le pavé dijonnais.
C’est finalement pendant leur festival de l’été que nous avons décidé de se caler. C’était début juillet au festival Vacarm le Rouge au fin fond du Morvan, pendant l’apéro, sur la terrasse du bungalow qui leur servait de loge(ment). Quelques verres plus tard, nous commençons à discuter de leur collaboration à trois sur un projet qui restera une étape importante sur le chemin de leur construction artistique (c’est beau).
Photo de une : ArnooO
Une petite présentation pour nos lecteurs.
Zeko : On est donc issus du groupe Posse’Tillon composé de Nersi , Secos, Arcel vice et moi pour les chanteurs et Wasta pour les platines. Il y a Zizi pour les serviettes hygiéniques aussi (zizi, c’est Ben qui participe un peu à la gestion du groupe et à l’interview aussi du coup, ndlr).
Arcel : En fait Zeko et moi on se connaissait il y a 10 ans via le graffiti. Je suis du 91 et j’avais des potes graffeurs qui étaient venus faire leurs études à Dijon, qui ont capté ses potes à lui et de fil en aiguille ça s’est fait.
Zeko : On était les deux plus petits de chaque groupe.
Arcel : Il rappait déjà un petit peu, moi aussi, et on se faisait des freestyles, on avait même fait quelques sons, des maquettes. Dans le même temps j’étais aussi sur Paris, je rappais dans le groupe la Mannschaft. À un moment donné je voyais plus trop les membres de ce groupe, je faisais plus grand-chose et les gars de Posse’Tillon m’ont invité à un concert au café l’Univers à Dijon qui s’est bien passé. On voulait faire nos morceaux sur scène. Après je suis resté sur Dijon et de fil en aiguille je suis rentré dans le groupe.
T’as été bien visible quand même dans le rap à Paris. Tu peux nous raconter un peu cette période ?
Arcel : J’étais de banlieue, dans le 91 et je suis arrivé dans le 14ème sur Paris, j’ai rencontré les gars de La Manschaft, on faisait aussi du graf ensemble. Eux connaissaient les mecs de 1995, via le graf aussi d’ailleurs. Chacun évoluait de son côté mais on s’est rapprochés d’ Areno Jazz qui a produit mon EP avec l’Animal, « L’Animarcel », juste avant que son label Jihelcee existe officiellement. Finalement on n’a pas continué à bosser avec lui. Après moi sur Paris je faisais d’autres trucs que le rap, je travaillais et on n’était plus vraiment sur la même longueur d’onde avec les gars du groupe.
Quel regard tu portes sur cette époque ?
Arcel : Moi je kiffais, c’était un bon truc, j’ai rencontré plein de rappeurs sur Paris. Mais ça m’a aussi dégouté du milieu rap parisien, c’est beaucoup de la lèche aussi et ça j’aimais moins. Je me sens carrément mieux actuellement.
On va revenir sur les Posse’Tillon. Quel regard vous portez tous sur le projet « La guerre du feutre » et sur les débuts du groupe ?
Zeko : Au delà du projet, moi je suis satisfait de l’époque. Il y avait un vrai engouement…
Arcel : Il y avait de l’ambiance.
Wasta : Une énergie.
Zeko : C’était cool, on était motivés par le projet.
Arcel : Oui par contre le projet en lui même c’était un peu du bricolage. Chacun a pris des couplets à droite à gauche. La plupart des instrus étaient de moi et je les avais un peu sorties du fond du tiroir. C’était pas très construit. Il y a des morceaux qui sont biens comme Zulu et Anthem qu’on joue encore sur scène mais d’autres qu’on aurait pas du mettre.
« On voulait depuis le début faire un projet tous les deux »
Depuis il y a eu aussi des projets solo, notamment toi Zeko ?
Zeko : C’était pas pour faire un solo. C’était juste parce qu’à cette période là, moi et Wasta on n’était tous les deux les plus chauds pour faire du son.
Arcel : Déjà c’est pas un solo, c’est un duo Zeko & Wasta. Et moi à cette période je n’étais plus sur Dijon non plus, c’est un contexte.
Donc c’est pareil pour le disque « Ceci n’est pas exercice » qui vient de sortir. C’est juste parce que vous vous êtes retrouvés ensembles, ça s’est fait sans calcul.
Zeko : Il n’y a pas vraiment de calcul mais on voulait depuis le début faire un projet tous les deux.
Arcel : L’objectif c’était ça. Pour « La Guerre du Feutre » j’ai balancé des instrus et Alex (Nersi des Posse’Tillon, ndlr) était dans le coin, il disait : « ah je l’aime bien cet instru », ça kickait et de fil en aiguille ça s’est fait à quatre rappeurs. Mais de base on devait faire un truc tous les deux, moi et Zeko.
Zeko : Et la situation fait qu’en ce moment on est tous les trois avec en plus Karlito (Secos des Posse’Tillon, ndlr) qui nous file des coups de main sur les clips et qui s’investit dans le truc en général. Nersi fait ses projets de son côté.
On va revenir un peu sur la conception du projet.
Arcel : En fait ça a commencé sur l’Ile de Ré. Moi je travaillais là bas et ils sont passés me voir en vacances quelques jours. C’est là qu’on a commencé à planifier le truc. On s’est accordés sur quelques morceaux, on s‘est envoyés des instrus, on se disait des thèmes et on écrivait chacun de notre côté. Une fois qu’on avait tout écrit on a maquetté chez Zeko à Lyon. Ca a mis un mois ou deux à tout maquetter. Finalement on a enregistré à Dijon au studio Triphon.
Zeko : Pour l’écriture on a écrit chacun de notre côté parce qu’ à chaque fois qu’on essaie de se capter pour écrire, on y arrive pas on picole (sourire). La dernière fois, on a écrit un demi-seize. Mais à part ça, ce projet est moins bricolé, ce sont des vrais morceaux.
Arcel : Il y a juste deux morceaux où on avait déjà chacun nos couplets.
Zeko : Sale Reput’, je l’avais maquetté tout seul à la base.
Arcel : Et pour Sans Prétexte on avait des couplets d’avant qui collaient au truc. En fait on a commencé avec ces deux morceaux et après on a travaillé les morceaux un par un avec des thèmes.
Combien de temps pour faire le projet en tout ?
Arcel : Six à huit mois.
Wasta : C’est dur à dire avec toutes les périodes où on se voit pas. C’était de l’été dernier jusqu’au mois de juin de cette année. Donc presque un an entre le moment où ça a commencé et où on a fini. Mais ça ne représente pas un an de travail en comptant tous les trous.
Ben : Le but c’était de ne pas sortir un truc à l’arrache. Vous vouliez faire un truc solide qui tienne la route. Au début ils ont même refusé des dates de concert alors qu’on avait déjà des morceaux parce qu’on voulait que tout soit bien ficelé.
Wasta, tu donnes ton avis sur l’écriture ?
Wasta : Moi je ne rappe pas, j’écris pas donc je n’ai pas à me mêler de ça.
Arcel : Si vraiment il y a un truc qu’il aime pas, il peut le dire.
Wasta : Quand j’aime pas, ça arrive rarement, je le dis. Mais en général, je m’en mêle pas.
Zeko : Mais c’est plus au niveau des placements, des intonations s’il intervient.
Wasta : J’envoie les instrus, eux ils maquettent, ils m’envoient les pistes, je remets bien, je fais un premix et puis voilà.
Il peut t’arriver de voir un thème précis sur une intru et de leur proposer ?
Wasta : Déjà je trouve que sur le projet il n’y pas vraiment de thème, à part pour Mauvaise pente.
Zeko : Avec le temps aussi..
Wasta : Oui et par exemple sur Avec le temps, j’ai envoyé la prod que j’avais appelée Avec le temps et ils ont kiffé le titre donc sont partis là dessus. Mais pour Mauvaise pente, c’est Arcel qui a choisi le thème.
Zeko : Et Hooligan, on l’a maquette sur une face B, on lui a envoyé la piste et il a fait un remix en fait.
Wasta : Oui c’est la seule où ça s’est fait comme ça.
« Je vois pas à quoi ça sert de mettre des grillz et de faire l’américain, c’est pas notre vie »
Pas vraiment de thèmes donc mais il y a quand même un thème global, un fil conducteur qu’on retrouvait déjà un peu sur “La Guerre du feutre” : un rap de réalité, une attitude marginale, un peu révolté des fois.
Arcel : Le fil conducteur c’est notre vision de la vie, on est bien dans notre délire entre pote, on fait notre truc. On va pas copiner pour gratter un feat, après je pense pas qu’on soit des révoltés de la société. Pour la façon d’écrire, moi des fois j’écris comme si c’étaient des legos, des fois ça peut être du dégoût, un ras le bol. Ça varie selon l’humeur. En tout cas c’est sûr que c’est pas édulcoré.
Zeko : On est une bande de jeunes, on se fend la gueule, on est pas très sérieux, on est bien entre nous et on se sent bien comme ça. Le fil conducteur commun à tous les projets, je pense que c’est nous tout simplement, en partant du principe qu’on parle vrai dans la vie, on parle aussi vrai dans les chansons. C’est nous, nous en vrai, nos vrais sentiments, vrais problèmes, vraies vies quoi. Je vois pas à quoi ça sert de mettre des grillz et de faire l’américain, c’est pas notre vie. Pour l’écriture, on ne fixe pas de thème précis, c’est plus l’instant, la période. On ne mène pas les mêmes vies mais on est toujours fourrés ensemble donc on se connaît par cœur.
Il n’y a pas forcément de révolte, on n’est plus des enfants depuis un moment et ça fait un moment qu’on a capté qu’on a pas nos places dans certains cercles de gens dans la musique ou même dans la vie. D’ailleurs les seuls gens du rap avec qui on se sent plutôt bien sont dans le même état d’esprit et, paradoxalement, comme nous, ils ne se mélangent pas.
Il n’y a pas de morceaux solos sur le projet.
Arcel : Pas besoin.
Zeko : Depuis toujours on veut faire un truc à deux c’est pas pour faire des solos. On en avait parlé mais après on s’est dit que c’était pas la peine.
Arcel : On va sortir des morceaux solos hors projet. Puis si moi j’ai envie de faire un projet solo, je le ferai. Ca va arriver, même peut être plusieurs d’un coup (sourire). J’ai plein de sons de côté que j’ai jamais sortis. Je suis un peu un fainéant en fait, j’aime bien le rap mais je suis un rappeur de salon (sourire).
Ben : Je confirme. Pas besoin de chaîne hifi quand il vit chez toi. Tu mets une instru, il rappe la soirée.
Comme vous l’avez dit, il y a une vraie évolution sur le travail des morceaux. Et il y aussi une vraie ouverture musicale par rapport à “La guerre du feutre”. Wasta, comment tu décrirais l’atmosphère de ce disque ?
Wasta : Le projet est assez éclectique, beaucoup plus ouvert oui. Mais en général j’aime bien quand il y a une certaine chaleur, un côté analogique qui ne sonne pas synthétique même sur les prods plus actuelles. Je décrirai les prods comme assez dark, une atmosphère assez tendue en général, à part sur Dans le truc qui est un peu plus joyeuse.
C’est le morceau où on entend la talbox au refrain.
Arcel : Oui, c’est Flex Maka qu’on entend sur le refrain. Pour ce qui est de l’ouverture, on écoute de tout et on voulait faire de tout. Moi j’écoute de la techno, Zeko écoute de la funk.
Zeko : La talkbox, c’est pas une mega folie d’avoir fait ça. Tout le monde écoutait de la gfunk à mort, ça choquait personne. Et là on sort ça et ça parle.
Wasta : La talkbox, soit tu détestes soit tu kiffes. C’est le morceau qui tranche le plus, tu l’aimes ou tu le détestes. Il y en a qui ont kiffé le morceau avant le refrain puis au moment du refrain ils se sont dits : « putain qu’est ce qu’ils ont fait ? ».
Votre camarade Nersi s’est mis un peu à l’autotune, c’est la prochaine étape pour vous ?
Zeko : Déjà nous on n’a rien fait, on a juste inséré de la talkbox au refrain, ce n’est pas sur nos voix.
Arcel : Pour l’autotune, moi je voulais en faire depuis longtemps, j’avais déjà essayé en studio et je ne l’ai jamais sorti parce que c’était pas carré. C’est un truc qu’il faut bien gérer en fait.
Wasta : Moi je me suis retrouvé en studio avec Nersi pour essayer et j’ai vu qu’il fallait vraiment savoir faire. Ça donnait pas grand-chose ce qu’on faisait à l’époque. Déjà il faut savoir un peu chanter quand même.
Zeko : En tout cas on n’est fermés à rien, c’est de la musique .
« On peut avoir une vraie influence sur le morceau avec une instru, je pense qu’elle représente 60 à 70% d’un track aujourd’hui »
Vous arrivez à vous accorder niveau goût ?
Wasta : On a pas mal de goûts communs. En général Max (Zeko, nldr) préfère les truc plus tristes, plus darks pour rapper même s’il écoute de tout. Alors qu’Arcel pose facilement sur plein d’ambiances différentes. Même si ça m’arrive d’écouter des trucs qu’ils vont pas écoute et vice-versa, je commence à savoir ce qu’ils vont aimer donc c’est plus facile pour travailler. Je fais pas beaucoup de sons pour d’autres qu’eux, des gens me demandent des instrus mais en général je dis non, j’aime pas les envoyer à des gens que je ne connais pas. C’est soit pour eux soit pour mes projets solos, donc je dois apprendre aussi à m’adapter à leurs goûts.
Zeko : Oui on s’adapte y’en a pour tout le monde. Si j’aime pas leur merde je chante pas (sourire). Wasta il sait ce qu’on aime, au delà d’être un beatmaker au sens des autres rappeurs c’est un mec du groupe. C’est le chef donc il sait tout, comme le mossad.
Arcel : Oui on a souvent les mêmes gouts. Wasta nous connait bien. Moi je sais ce que n’aime pas Max.
Wasta, on sent que Zeko et Arcel tiennent à te mettre en avant pour ce projet. Plus généralement, on dit beaucoup que l’image et la place des beatmakers ont bien évolué en France.
Wasta : Ça évolue un peu. Avant personne ne les connaissait, maintenant les noms tournent. Ça évolue mais c’est loin d’être comme aux States. La palette des beatmakers est plus grande aujourd’hui, on peut plus facilement proposer différents types d’ambiance. Il y a vraiment plein de styles différents maintenant : de l’electro, du trap, du dancehall, du rock etc… Les mecs veulent se démarquer. On peut avoir une vraie influence sur le morceau avec une instru, je pense qu’elle représente 60 à 70% d’un track aujourd’hui. Ça a du bon mais d’un côté ce qui est dommage c’est qu’on écoute de moins en moins ce que dit le mec derrière le micro. Et même si il y a plus d’éclectisme qu’avant, au final dans « le game » tout le monde fait plus ou moins la même chose. En tout cas tout le monde utilise le même kit batterie, les drums sont identiques. On chope tous les mêmes sur les banques de son. D’ailleurs c’est beaucoup plus simple qu’avant de faire une instru. T’as un ordi, un logiciel craqué et c’est bon. Mais c’est ça aussi qui est bien avec le rap, c’est que c’est un truc ouvert au non musicien, même si tu piges que dalle au solfège, tu peux t’en sortir.
Arcel : Les beatmakers ont plus de place aujourd’hui parce que les gens sont peut être un peu moins attachés aux textes et veulent s’amuser et se droguer sur des sons qui font bouger les culs et les têtes (sourire).
Zeko : On aurait jamais fait de choses aussi propres sans Wasta. C’est lui qui a donné l’identité des sonorités Posse’tillon, la marque, la fabrique.
« Hooligan c’est simplement un morceau banger, rien de bien sérieux, de la musique quoi… »
Du côté des autres évolutions musicales, est-ce que Hooligan c’est de la trap ?
Arcel : En fait on trappe pas, on rappe sur instru trap.
Et il y a eu une petite polémique sur le clip de ce morceau. Vous vous êtes fait insulter par des footeux dans les commentaires alors que la chanson ne parle pas de foot.
Arcel : En vrai ces types n’ont pas écouté le morceau. Franchement je regarde pas trop les commentaires et on s’en branle. Ils peuvent continuer à mettre des commentaires, on regarde pas et la plupart des gens ont aimé le morceau. Ce morceau c’est juste pour dire qu’on s’en bat les couilles, ça fout le bordel sur scène. En fait c’est un morceau pour la scène, c’est pour que les gens pogotent, sautent, “hooligan fais n’importe quoi”, ça veut dire ça.
Zeko : Ce sont des internautes qui visiblement sont aussi nos auditeurs même s’ils disent nous détester. Pour nous ce sont des mecs qui ne font que se prétendre être du mouvement hooligan car un hooligan, comme un voyou, ne passe pas son temps à raconter sa misère sur la toile. Finalement on a ajouté un commentaire sous la vidéo youtube précisant qu’en aucun cas le morceau traitait ce sujet ni même au sens large de football. C’est simplement un morceau banger, rien de bien sérieux, de la musique quoi…
Il y a d’autres clips de prévus ?
Arcel : Je pense qu’on va faire Dans le truc.
Wasta : A la fin de l’été, ça sortira à la rentrée peut être (conversation datant de juillet, ndlr).
Arcel : Pour qu’il fasse encore beau vu que le morceau est un peu soleil. Si Maka est à Dijon il pourra être dans le clip mais il habite dans l’est de la France maintenant. Déjà le morceau il l’a fait à distance et nous a envoyé ses pistes.
Quels sont les morceaux que vous préférez de ce projet ?
Arcel : Moi j’aime bien Dans le truc et Tout baigne.
Zeko : Cicatrices, moi j’ai grave kiffé. A la base c’était juste un sample et on a rajouté des arrangements de Mr Green à la guitare. Ça a rajouté un bête de truc. Tout Baigne marche à mort sur scène aussi.
Arcel : On aime bien tous les morceaux.
Zeko : Tous. Et on n’a pas refait l’erreur de mettre des morceaux dont on était pas sûrs, il y en a un qu’on n’a pas laissé par exemple.
Arcel : Un morceau qui est bien finalement mais qui ne collait pas au truc.
Zeko : On voulait vraiment kiffer tous les morceaux. Et quand tu vas défendre le défendre sur scène, il vaut mieux.
Posse’Tillon a des classiques ?
Wasta : C’est Zulu. Les gens chantent à chaque fois.
Ben : Il restera toujours ce morceau parce que ça fait un moment que vous le jouez. Parce que c’est le morceau du début. Mais pour moi il y a des morceaux tout aussi biens dans ce projet et si ils tournent sur scène régulièrement, ils peuvent marquer les gens.
Vous pouvez nous raconter l’histoire de Zulu ?
Arcel : J’avais fait l’instru, je l’ai envoyé à Max, Alex a kiffé et on a décidé de faire un morceau à trois. J’avais déjà le refrain et on a brodé autour. La formation du groupe dont je te parlais tout à l’heure, ben c’est là en fait. C’est le début de « La Guerre du Feutre » ce morceau. On avait déjà des morceaux avec Zeko, Instinktif (premier pseudo de Nersi, ndlr) et Karlito mais ils ne sont jamais sortis.
Zeko : Oui, on devait faire le morceau Arcel et moi. Le refrain et la prod ont plu direct, ça a ambiancé les gens des les premiers concerts, sans l’avoir clippé d’ailleurs, et je trouve ça beau en ces temps de clip obligatoire. On l’a maquetté chez Jabrail à l’époque, ça marchait direct, Robin du studio Triphon a pas mal bossé dessus car Arcel a fait la prod comme un enculé, tout était dégueulasse et il fallait rééquilibrer (sourire).
C’est quoi un zulu pour vous ?
Arcel : Un Zulu c’est un gars hip hop, ça parle de zulu depuis longtemps. Mais nous c’est plus le côté tribu du terme, ça peut être ta bande. Un zulu c’est aussi connoté fouteur de merde, un mec qui traîne. Moi quand j’étais petit on me disait : « je suis tombé sur des zulus qui voulaient s’embrouiller », « wesh mon gava, wesh mon zulu », c’est plus ce côté-là que je voyais dans le morceau. Nous c’est pas « peace and love » mais plus « fout la merde ». On est pas en 80 à New York, depuis le mot a été réutilisé.
C’est dur de trouver des dates là. Vous en avez de prévu ?
Zeko : C’est effroyable, parce qu’on fait du rap.
Arcel : Mais en vrai on n’a pas vraiment démarché de ouf pour faire des dates. On va démarcher et ça va rouler à la rentrée. On a quand même le Canal Cancale de prévu à la péniche Cancale à Dijon, peut être un truc sur Besançon et le reste ça suivra (en concert aux Tanneries à Dijon le samedi 7 octobre aussi, ndlr).
Zeko : On fera plus autant de concerts à Dijon. Ça saoule les gens je pense, on faisait des concerts tous les mois.
« C’est aux journalistes de venir vers nous, pas l’inverse. C’est leur travail »
On a l’impression que vous vous en foutez un peu de la partie promo du projet. Vous pensez pas que ça serait un effort à faire ?
Arcel : Faut payer ou copiner pour passer dans les médias. Même les médias pointilleux spécialisés rap je me demande s’il ne faut pas payer.
Wasta : Et en général on ne correspond pas à ce qu’ils cherchent. Même les bon sites, je pense qu’on n’est pas dans leur ligne éditorial.
Zeko : Il y a plein de médias rap pour lesquelles les articles sont payants. Tu peux payer le partage de clip, le bannière sur un jour ou plus, la chronique etc… J’avais des impressions écran des conversations avec les mecs, Du style : « on adore ce que vous faites – ok cool – on va parler de vous si vous voulez – Aha c’est combien sale chien ? ». C’était hilarant.
Nous on est bien comme ça. Les gens kiffent en concert, ceux qui nous connaissent savent que c’est bien, les autres on s’en fout. On s’en fout de ça. On va pas tout faire pour avoir de la lumière. On fait de la musique et les gens aiment ou pas. C’est aux journalistes de venir vers nous, pas l’inverse. C’est leur travail.
Vous écoutez du rap français en ce moment que ça soit à Dijon ou ailleurs ?
Zeko : A Dijon, Adil, Zo-n, toujour les mêmes.
Arcel : Moi je reste à fond sur Alkpote.
Zeko : On écoutait Kekra tout à l’heure dans la voiture. Sinon on écoute Sch, Damso. J’ai kiffé à mort Roméo Elvis cette année. Je l’avais jamais écouté jusqu’à ce que je le vois sur scène à Lyon et il m’a choqué.
Wasta : D’ailleurs j’aurais jamais mis une pièce sur Roméo Elvis pour toi (sourire). Moi en tout cas je crois que j’écoute plus du rap belge que de rap français maintenant.
C’est quoi vos principales influences à chacun, ce que vous avez le plus écouté ?
Wasta : En cainri je suis toujours fan de Madlib même si ce n’est pas vraiment une influence. Sinon j’adore Jay Dilla, Pete Rock, Flying Lotus et tous les producteur de Kendrick Lamar. En français, il y en a plein mais je retiens jamais, ceux qui me viennent là c’est Myth Sizer et Ikaz Boï.
Arcel : Quand j’étais ado, j’écoutais beaucoup de rap du 91, de chez moi, Ol’ Kainry, Alkpote, Ulteamatom et les débuts de Sinik. Après j’ai écouté d’autres trucs comme Flynt, Scred Connexion et La Rumeur. Aujourd’hui j’écoute tout ce qui est d’actu.
Zeko : Moi mes principales influences c’est La Rumeur, Anfalsh Booba.
Le titre Avec le temps sur votre projet est bien sûr influencé par le morceau de Leo Ferré. Vous l’écoutez lui ou d’autres chanteurs de ce calibre ?
Arcel : C’est les disques des parents. On kiffe ça.
Wasta : C’était un artiste de ouf.
Zeko : Il fait partie des mecs qu’on kiffe dans la chanson française au même titre que des mecs comme Jacques Brel et Renaud
Votre meilleur souvenir à chacun dans le rap ?
Arcel : Le concert des Posse’tillon aux Tanneries en 2014. Très bon souvenir de l’ambiance.
Zeko : C’est mon meilleur souvenir aussi. Week end de fermeture des tanneries, blindé à mort, on était le seul groupe hip-hop booké ce soir la, on n’ avait donc pas forcément public gagné au milieu du rock, ska, punk etc…Et pourtant on a tout retourné.
Wasta : Pareil avec Chalon pour le concert avec Lomepal
Les projets ?
Arcel : Je pense que Wasta et moi on va essayer de faire un projet. Je commence à réfléchir sur les thèmes.
Wasta : Un petit 4,5 titres.
Arcel : On dit pas de date, rien du tout, peut être que ça sortira jamais.
Zeko : C’est des trucs auquel on pense. Et même avec la formation à trois, on va peut être refaire un gratuit, un petit truc. On a des conditions un peu plus favorables au travail en ce moment, un peu de matériel.
Il n’y aura plus de projet des Posse’tillon tous ensemble ?
Arcel : Pourquoi pas ? On sait pas.
Zeko : Tout dépend qui veut faire quoi. Tout le monde était invité sur le disque. D’autres ont d’autres projets, c’est tout.
Vous dîtes que ce disque est plus abouti que les autres mais quels progrès reste-t-il à faire ?
Zeko : Faudrait qu’on vive ensemble, qu’on arrête de travailler, qu’on fasse que du rap, et qu’on nous donne l’argent nécessaire à la production musicale de nos jours.
Wasta : Passer plus de temps en studio, être plus ensemble. Sinon je ne sais pas c’est pas évident cette question.
Zeko : Ce qu’on devrait améliorer c’est nous en fait. On a toujours été ingérables. Mais en même temps si on devient sérieux, on devient nazes.
Wasta : Personnellement je suis jamais satisfait a 100% de mon taf donc on trouvera toujours des trucs à améliorer. Après quand tu fais le morceau t’es pas vraiment objectif, tu connais tous les détails.
Zeko : Et c’est toujours le même problème, au bout de deux mois t’arrives plus à écouter tes morceaux. La Scred Connexion ils jouent la même chose depuis 10 ans sur scène, ils doivent suivre une thérapie je pense.
Ecouter le projet dans son intégralité
Ceux qui veulent approfondir la légende Posse’Tillon auront de quoi se faire plaisir en écoutant leur nombreux passages dans l’émission Sweet Caroline, ici.