Nous avons rencontré Vîrus lors de son passage à l’Ampérage de Grenoble, le 8 mars 2013. Nous voulions en savoir plus sur son parcours et l’univers si particulier qu’il fait vivre avec « Le Choix dans la Date »,  un disque réunissant ses trois EP sortis en 2011. Le podcast de l’émission est disponible ici.

SC : Il y a 3 EP qui sont sortis en téléchargement gratuit en 2011, « 15 août »« 31 décembre » et « 14 février ». Pourquoi avoir choisi comme titres ces trois dates clefs du calendrier ?

Vîrus : Les bonnes convenances veulent que tu fasses ceci ou cela, que tu sois obligatoirement heureux ce jour-là. Aujourd’hui par exemple, c’est la journée des droits de la femme et je pense que ça n’a aucun sens. C’est un peu triste… Qu’elles se placent entre la journée du livre et la journée du yorkshire, c’est galère. Pourquoi être obligé de caler des dates pour exprimer des trucs. Pourquoi le 31, tu dois être en train de sauter partout alors que des gens travaillent ce jour-là ?  Le 15 août n’est pas synonyme de vacances pour tout le monde, des gens travaillent ce jour-là.  T’en as qui ont d’autres repères sur le calendrier. A mon goût ces dates n’ont pas vraiment de sens.

C’est ce dont tu parles dans le morceau Sale défaite. Tu dis notamment : « Je  suis tellement pas famille que si j’avais pu,  j’aurais peut-être réveillonné à la cantine ce jour-là ».

Là c’est un côté un peu gamin. C’est un faux détournement de de la chanson de Carlos sur la cantine. Moi la cantine ça m’évoque les batailles de bouffe, le gros bordel, dès que quelqu’un fait tomber son plateau tout le monde gueule. C’est synonyme d’amusement et de légèreté. Alors que le repas de famille est super connoté pour beaucoup de gens, « Oh là là, putain le repas de famille ». C’est souvent considéré comme relou et j’ai tendance à me placer de ce côté. Qu’est-ce qu’on fait de l’orphelin ? Qu’est-ce qu’on fait des gens qui sont loin de leur famille ? J’aurais tendance à me placer de ce côté-là, au moins dans la pensée. Il y a un rapport aux minorités qui ne sont d’ailleurs pas que sociales et raciales mais peuvent être aussi mentales. Des gens ne sont pas dans ce délire-là point. On ne devrait pas se sentir obligé d’être heureux, de parler, de sourire…

« Que la journée dédiée aux femmes se place entre la journée du livre et la journée du yorkshire, c’est galère. »

Ces trois EP sont réunis sur ton disque «  Le Choix dans la Date ». Ce disque physique est-il sorti suite à un succès imprévu ? Suite à une demande qui s’est créée ?

Je ne pense pas que le terme succès soit le plus adapté, mais oui il y avait une vraie demande. Certaines personnes restent attachées aux objets et moi le premier d’ailleurs. C’était un peu accidentel en fait, la sortie en physique n’était pas du tout préméditée. L’une des raisons c’était la demande, mais ça permettait aussi de regrouper le truc, de synthétiser, de centraliser tout ça sur un projet. Même avec le recul, c’est devenu quelque chose de plus lisible que trois EP différenciés. J’ai l’impression que c’est plus clair pour beaucoup de gens depuis que c’est physique, qu’ils aient l’objet ou pas. En plus il y a quand même un lien entre les EP… Après la demande ne représente pas non plus 8.000 personnes tu vois, mais des gens se sont manifestés et nous boostaient pour une sortie physique. C’est de l’auto-distribution. C’est que sur le net en fait.

« Il y a vraiment beaucoup de choses inaudibles sur toute une période… »

Avec ce disque on sent une grosse différence dans les thèmes, par rapport au projet avec Schlas qui date de 2005 (Vîrus et Schlas formaient à l’époque un binôme, le premier au micro, l’autre à la production, ndlr). Les thèmes étaient beaucoup plus terre à terre, tu parlais de rap, de ta vie, etc… Mais pour la trilogie, tu as réussi à créer un véritable univers, comment en es-tu venu à ce personnage ? Une crise existentielle de ta part ? Et ce personnage d’ailleurs, est-ce que c’est toi ?

(interpellant Bachir présent dans la pièce) C’est une bonne question ça ! Déjà premier point… (rires) Elle va être longue l’interview si t’as des questions comme ça. Le projet avec Schlas, c’est le seul que j’assume entre guillemets. Il y a vraiment beaucoup de choses inaudibles sur toute une période…

Avant Schlas ?

Après. Ce projet a une symbolique très forte par rapport aux liens que j’entretiens avec Schlas parce que c’est plus qu’un pote. Et par rapport aux thématiques du projet, il y a encore de la naïveté, encore un peu d’utopie. Finalement, c’est lié à un âge car j’étais encore assez jeune à ce moment-là.

Quel âge as-tu d’ailleurs ?

Je commence à avoir un âge où je bégaye quand tu me demandes. C’est la période des trentaines. Mais une jeune trentaine attention ! C’est tout frais. Mais c’est pour dire surtout que le projet avec Schlas correspond à la période où t’as 20 piges.  La différence entre les deux projets, c’est qu’il y a celui des 20 piges et des 30 piges en gros, même si ce n’est pas précis.

Schlas, c’était la période où tu te cherchais encore ?

Oui, mais ce n’était même pas ces raisons là qu’on faisait un projet en fait. A la base, je ne sais même pas qui a eu l’idée de sortir un truc. Ça me paraît même chelou qu’à un moment, on se soit dit qu’on allait faire un projet, parce qu’on avait un mode de vie super décousu. Le projet a été enregistré en une journée et je faisais des siestes entre les enregistrements parce qu’on avait vraiment mal fini la veille. On était vraiment dans un mode de vie très festif. Pendant longtemps pour moi, la musique a été liée à un mode de vie vachement vécu, vachement festif… À  l’époque, même dans les textes il y avait beaucoup moins de prise de tête parce que cela correspondait à ce mode de vie et à des cheminements, donc je n’ai aucun problème avec ça. Ta tête bouge, c’est donc normal que tes sons bougent.

Pour en revenir à la question de base, comment s’est fait le changement d’univers ?

Pour résumer rapidement, il y a une période où tu fais du son, mais tu ne fais pas vraiment de son. Tu fais des soirées, des freestyles, un peu de concerts, tu prends ce qui vient mais t’as pas de projets, t’as rien. Un jour, on a concrétisé un lien fort par un projet avec Schlasqui à l’époque, me mettait des gifles phénoménales musicalement. Ce projet est très symbolique. Tout ce qu’il y a eu après ce projet n’avait pas de sens, c’était complètement décousu, j’enregistrais en étant ivre, je criais. Si tu réécoutes certains sons de l’époque, je suis vraiment en train de gueuler comme un mulet.

« J’enregistrais en étant ivre, je criais »

Et un jour, tu as eu un déclic.

Après tu arrives en 2010 et je suis complètement sorti de ce mode de vie dont je te parlais. Donc forcément, ça te renvoie dans une forme de bilan et tu te demandes ce que t’as fait de ta life jusqu’à maintenant. En gros, c’est juste le parcours, entre guillemets, d’un gars qui a arrêté de tiser à un moment.

Je n’ai rien recherché du tout. Je ne pourrais même-pas t’expliquer le cheminement. C’est juste que tu sors d’une période festive où tu sautes partout comme on disait, et le lendemain t’es au fond d’un trou. Forcément, il en ressort un résultat.  Et ce résultat s’est matérialisé avec du temps. Les trucs qui sortent en 2011 ou 2012 peuvent venir de réflexion datant de dix piges, mêmes si certaines phases peuvent dater de dix piges. C’est un parcours tu vois. Mais il n’y a pas eu de recherche. Et justement, c’est en ne cherchant pas que tu tombes sur quelque chose. Tu tombes d’ailleurs sur un truc au plus proche de qui tu es toi. En mettant de côté les substances, tu te rapproches au plus près de ta personnalité de fond, de ta « nature » et c’est pas toujours très lumineux dans mon cas. En fait, tout le monde a un univers, de par sa vie, ses propres expériences. Dans une certaine logique, aucun rap ne devrait ressembler à aucun autre.

Avec « Le Choix dans la Date » on est vraiment au plus proche de ce que tu es toi ?

Bachir : Tu l’inquiètes (rires).

Vîrus : Je dirais oui si je devais juste répondre oui ou non…

J’ai l’impression que ce n’est qu’une toute petite partie de toi que tu as expulsée.

Oui, il y a le fond de tes pensées dans pleins de moments de vie. Après il y a les mécanismes de défense qui font que ça ne se voit pas. Si je ne dois pas t’inquiéter, je te dis que c’est un personnage mais certaines choses sont complètement réelles et même beaucoup trop. Je m’amuse justement à prendre du vrai pour créer des délires. Mais il ne faut pas oublier la chronologie des trucs. Un morceau peut représenter des réalités qui correspondent à un certain moment mais qui ne sont pas forcément réelles à l’instant T. Par exemple, quand je te dis que je n’aime que le rhum dans les grogues, c’est vrai, mais aujourd’hui, même du grogue je n’en bois pas.  Ce qui compte c’est le fond, le fond est réel mais la forme n’est pas ou plus forcément vraie.

Le côté tiraillé, en marge de la société, c’est quelque chose dans lesquelles beaucoup de personnes se retrouvent. As-tu eu le courage d’en devenir le porte-parole ?

À la base, la démarche est ultra égoïste ou égocentrée. Je ne pense à personne et si des gens se retrouvent là dedans, c’est bien.

« T’aimerais pouvoir dire au quotidien à certaines personnes : “Tu sais que toi en fait t’es qu’un gros fils de pute”»

Tu ne t’es pas dit : pourquoi ne pas en parler si personne n’en parle ?

Non c’est pourquoi se barriérer surtout. Quand je comprends parfois comment les choses se déroulent en termes de mascarade, de jeux sociaux, ça me casse les couilles. T’aimerais pouvoir dire au quotidien à certaines personnes : «  Tu sais que toi en fait t’es qu’un gros fils de pute ». En fait c’est rentrer au plus proche du réel des gens. Par exemple les repas de famille, c’est un évènement dans lequel il faut faire bonne figure et par rapport à ça, je ne sais pas si tu connais le film Festen mais c’est l’histoire d’un mec qui brise ce cérémonial [le film Festen : Helge fête ses 60 ans. À cette occasion il invite toute sa famille dans une grande maison. Au cours de la soirée, certaines vérités difficiles à entendre sont révélées, nldr]. Ma musique c’est la même chose. Au bout d’un moment, ton quotidien t’oblige à te censurer dans ton comportement sinon t’es en prison tous les deux mois. Donc je ne vois pas pourquoi tu vas te mettre des barrières dans ta musique qui représente ton espace à toi. Moi je n’ai pas de planning, pas de projets donc je fais mon truc sans aucun souci stratégique ou autre. Comme je disais, la démarche est super centrée sur moi.

Autour de cette démarche égocentrique, il y a un quand même un monde qui s’est créé, notamment avec Tcho à l’image et Banane aux instrus. Comment se sont faîtes ces rencontres ?

Un peu comme souvent dans les trucs de musique, la rencontre s’est faîte par le biais de connaissances communes. Il était venu à un concert un jour sur Rouen. Par la suite il m’a envoyé des sons et là je me suis dit qu’il y avait un délire tout simplement. Et ce qui est marrant c’est qu’il avait en référence des trucs que j’avais faits qui n’étaient pas du tout dans ce délire. Malgré ça, les quatre premiers sons qu’il m’a envoyés, je crois que ce sont les quatre sons du premier EP. Pourtant il n’avait aucune matière pour dire qu’il y avait moyen de faire ça. Donc là c’est pareil, c’est presque mystique.

Le premier EP s’est fait en un week end en fait, au bout d’un moment t’emmagasines trop de choses… Les musiques posent un contexte. Moi, la musique c’est 50 %.  Le travail de beatmaker est super ingrat, surtout en France. Ce que j’ai aimé sur les sons, c’est justement qu’on ne l’a carrément pas mis de côté.

Pour Tcho, la rencontre s’est faîte par le biais de Bachir, parce qu’ils avaient eu l’occasion de travailler sur le visuel de sa  mixtape The Nonce « The Only Mixtape ».  Et la collaboration a commencé autour du morceau Saupoudré de Vengeance. Mais tous les rapports dont on parle depuis tout à l’heure ne sont pas des rapports de calculs ou d’intérêt, ce sont des rencontres avant du travail, ça permet notamment de bien rigoler même quand on fait des trucs graves. Donc c’est surtout humain et quand l’humain prédomine, je pense vraiment qu’il y a des choses à faire. En tout cas c’est mon mode de fonctionnement et c’est aussi le mode de fonctionnement des gens concernés.

Mais ces clips de Tcho ont été très importants dans le nouveau Vîrus, en osmose avec ce qu’était le projet ?

Ah oui, puis on n’avait pas eu l’occasion jusque-là de bosser vraiment sur des clips. Tcho est un professionnel de l’image. Mais par rapport à lui, ça se ne limite pas à ça, ce n’est pas des statuts ou des rôles que tu peux définir,  il y a beaucoup d’autres choses qui se jouent, des avis, des échanges super importants qui font que la relation ne s’arrête pas à la prestation. Ce que  j’ai kiffé, c’est qu’il était rentré dans ma tête, dans la tête du morceau et n’était pas simplement là pour coller des images sur des phrases.

« Si on t’avait laissé le choix au moment de l’éjaculation,  est-ce que t’y serais allé ou pas ? »

Dans le morceau Période d’Essaitu dis avoir été « amené ici à contre cœur, au bord de la rupture d’anévrisme ». C’est un bon résumé de ton disque. C’est un mec seul, contre les codes de la société. Selon les morceaux, il le vit bien ou pas.

Les morceaux sont même souvent là pour exprimer le fait que tu ne le vis pas forcément très bien.  En fait, il y a des degrés de lecture. Par exemple j’ai kiffé le nom des gars qui nous font venir ce soir  (Seconde Lecture, ndlr), parce qu’il y a la première lecture et la deuxième en filigrane. Comme dans le projet, on trouve des points positifs en fait. D’ailleurs, des gens me l’ont fait savoir parce que c’est quelque chose que je ne voyais pas forcément. Et le côté “amené à contre cœur” c’est parce que parfois, tu te demandes si on t’avait laissé le choix au moment de l’éjaculation,  est-ce que t’y serais allé ou pas ? (rires)

Tu as l’air de parfois accepter ce statut. Par exemple, dans le morceau sur les couples, L’ère adulte, on te sent heureux d’être dans ton coin, tout seul sur la table au milieu de couples qui se font la misère.

Oui, c’est un peu le rapport à la solitude, c’est une position qui est subie ou choisie. A l’heure qu’il est pour moi, ça relève plus d’un choix que quelque chose de subi. D’ailleurs, il y a une des définitions du Buena Vista Sociopathes Club (BVSC) qui signifie “Bien Vivre Sa Chienneté”, donc oui c’est quelque chose qu’on vit bien.

 

Dans le morceau Nouvelles Du Fond, tu dis : « la solution n’est pas dans la solution mais dans l’acceptation qu’il n’y en ait pas ».

Au bout d’un moment quand tu retournes les questions dans tous les sens, t’arrives forcément à un contresens. Pour moi quelque-soit le problème, tu ne trouveras pas de solution. Et si t’acceptes le fait qu’il n’y en ait pas, tu le vis bien. D’ailleurs il y a une phase de Al qui dit « il y a des choses que tu peux combattre et d’autres que tu dois admettre ». Par exemple pour la solitude, le fait de l’assumer fait que tu vas rencontrer des gens qui ont la même vision. Même si on est en minorité, l’important réside dans son acceptation. Te déchires pas, si c’est un mur il n’est pas là pour que tu le pousses mais il est fait pour t’arrêter.

« Ma personnalité n’est pas vraiment faite pour suivre un mouvement, ça serait contre nature »

On va parler un peu de rap maintenant. Dans le projet de 2005 « Vîrus et Schlas » on trouve un morceau qui s’appelle Que le Meilleur Gagne. De quoi du parles dans ce morceau ?

Le thème c’est les battles. A une époque on faisait beaucoup, beaucoup de battles sur Rouen et même un peu sur Paris. Même si j’ai fait quelques rencontres officielles, la plupart du temps c’était vraiment informel, sur des parkings, dans des apparts ou dans la rue et ça se clashait dans tous les sens. Je me demande d’ailleurs réellement si cette période n’était pas ma période préférée.

Il y a eu beaucoup d’histoires autour des battles. Ce n’est pas la vision du battle que certaines personnes ont maintenant. Avant, ça pouvait vraiment partir en couille. Quand ça piquait un peu trop, certains pouvaient le prendre très mal, alors qu’à la base, c’est une pratique, au même titre que la danse. Quand je me faisais clasher je rigolais, sincèrement, mais dans le sens inverse à certains moments ça ne rigolait plus du tout. Donc il y a eu des petits débordements qui n’étaient d’ailleurs pas dangereux du tout, mais qui remettaient en question l’esprit global. Voilà dans le morceau je dis notamment que les clasheurs doivent accepter que leur égo en prennent un coup vu que c’est une discipline. Et il y a aussi le fait que ceux qui gagnaient les battles officiels, étaient souvent ceux qui avaient ramené le plus de potes. Mais finalement c’est un truc normal et ça ne me choque pas. Mais le but, c’était de faire un morceau là-dessus pour illustrer notre mode de vie de l’époque. Aujourd’hui dans les battles les plus visibles, les gens écrivent les textes alors que nous c’était vraiment freestyle.

Te considères tu dans le mouvement rap aujourd’hui ?

A l’époque des battles, on trouvait une vraie aspiration, de vrais mouvements. Par la suite, les cheminements mentaux t’amènent un jour à un choix, entre suivre le mouvement ou s’en écarter et revenir à ce que tu es en terme de personne. Je sais que ma personnalité n’est pas vraiment faite pour suivre un mouvement, ça serait contre nature pour moi. Concernant le rap d’aujourd’hui,  le seul truc que je peux te dire, c’est que j’ai eu la naïveté de croire que les gens qui s’orientaient dans l’artistique ou le culturel, le faisaient avec des convictions et une sorte de rébellion;  alors que le fonctionnement de la musique et du rap est juste une transposition du fonctionnement de la société, ça veut dire que l’exposition de certains se fait au prix de compromis.

Dans le freestyle 53122tu dis « Je suis le blanc qui supporte le moins le rap de blanc ». Pour toi, c’est quoi le rap de blanc ?

C’est une bonne question. Déjà, j’ai fait en sorte de tourner le truc en double sens parce que cela concerne à la fois la couleur blanche et le blanc dans une discussion. Notamment par rapport aux battles où parfois il y a des gros blancs ou à des textes vides. Le deuxième sens est par rapport à la couleur blanche, il faut bien préciser qu’on trouve des renois qui font du rap de blanc. Pour moi la couleur blanche représente la pureté, les trucs lisses, c’est beau, ça passe en radio, c’est mignon. Je ne sais pas pourquoi j’étais dans le rap à la base mais je sais qu’aujourd’hui que je n’y suis pas pour ça.

Les jeunes dont on entend beaucoup parler en ce moment, font-ils du rap de blanc ?

T’as des mecs qui arrivent, mais qui rappent en fait depuis dix piges.  Et je ne sais pas qui tu as en tête, mais je ne sais pas si ça vaut le coup d’en parler parce que t’as des nouveaux gars dans tous les registres du rap. Après je sais pertinemment que ce qui sera le plus exposé et le plus facile à vendre sera forcément quelque chose de très blanc. Dès que tu noircis un peu le tableau, on veut te mettre loin.

Récemment, on a pu écouter le feat avec Al, pour le remix du morceau Tout Seul, sur son dernier album. Les solitaires peuvent donc collaborer ?

L’idée de base est venue de Tcho justement. C’est lui qui m’a envoyé le morceau en évoquant l’idée d’un remix. Ce que je kiffe dans le résultat final, c’est que le morceau s’appelle Tout Seul, et dans l’album, c’est le seul feat. Il n’y a pas forcément de réflexion ou de calcul par rapport à ça. Al pourra mieux t’expliquer que moi, je pense que ce n’est pas forcément de la contradiction mais de la nuance. Si on te tend un drapeau tout noir ou tout gris, il faut essayer de voir ce qu’il y a derrière. Et dans tous les cas, j’aurais abordé ce thème, même tout seul justement.

J’ai entendu parler d’un album pour 2013…

Oui (rires). Je ne sais pas ce que j’ai eu le jour où j’ai dit ça, mais je devais être vraiment dans un bon jour. En fait, on est tout le temps plus ou moins en studio. C’est assez sinusoïdale, des fois c’est super régulier, on va y être tous les jours et d’autres on ne va pas y aller pendant un mois. Et on s’est en effet retrouvés dans une période où on s’est dit qu’on allait se lancer dans un album. Le problème, c’est que dès que j’ouvre ma gueule, je me tape de l’œil et je réduis les chances que ça aboutisse comme annoncé. Alors j’ai décloisonné le truc en me disant qu’on allait plus annoncer forcément quoi que ce soit, on va faire nos trucs et on verra la forme que ça prend.

Un mot de la fin ?

Tu sais que moi, j’ai un rapport à la fin

Propos recueillis par Antoine Fasné avec la participation de Gabriel de la Héronnière
Plus d'articles