Fin 2012, La Rumeur vient de sortir son 4ème album « Tout brûle déjà ». Leur passage à la Bobine de Grenoble constitue l’occasion pour nous de rencontrer deux des membres du groupe le plus couillu du rap français, pas forcément un cadeau pour notre toute première interview. Ambiance de loges, odeur de cigare et émotion pour ce qui restera un de nos actes fondateurs. Version podcast ou version écrite, à votre bon choix m’sieur dame.

Sous-Culture : Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Ekoué : La Rumeur c’est trois rappeurs… Enfin quatre avec Mourad qui a privilégié sa vie de famille et professionnelle mais qui fait toujours partie du groupe. Donc c’est Hamé, Philippe, moi, Gérald aka Dj Soul G et DJ Kool M qui gère le label.

La Bavar : Sur la tournée on est 4, DJ Soul G, Hamé, Ekoué et le Bavar.

Bon concert ce soir ?

E : Très bon concert, sold out. Vraiment des gens qui connaissaient très bien notre travail et c’est toujours un plaisir de se produire dans des conditions comme ça.

LB : On n’avait jamais joué à Grenoble. Je ne sais pas s’il y avait une demande mais les organisateurs nous ont dit qu’ils avaient refusé beaucoup de monde. C’était complet depuis le milieu de semaine. Donc ouais bête d’accueil, il y a eu une interaction avec le public qui nous a transmis son énergie et on a essayé de lui en donner en retour. Le résultat est là. Au lieu de faire une heure de concert, on a fait presque deux heures. C’est bien, c’est la tournée Tout Brûle Déjà Tour qui commence. C’est vraiment la date qui marque le début de la tournée.

E : On a fait des dates avant mais on n’était pas très satisfait et là franchement…

LB (qui coupe) : Oui enfin on a fait deux dates avant !

L’objectif de cette tournée, c’est l’Olympia dans un mois ?

E : On va fêter nos 15 ans à l’Olympia, oui. C’est notre premier. On a fait la Cigale, il y a un an, c’était complet. Là on s’attaque à une salle un peu plus grosse et j’espère qu’on va faire un gros concert aussi.

« La Rumeur n’est pas un boys band, c’est vraiment une amitié de quartier »

On voulait revenir un peu sur vos débuts. Comment s’est formée La Rumeur ?

E : On avait un groupe avec Philippe, Mourad, moi, Greg, Jany et notre manager de l’époque qui s’appelait Ultime Coalition. On faisait de scènes locales avec les gens de la banlieue Ouest comme les Sages Po, Lunatic, Less du 9, la Cliqua. Après moi j’ai rencontré Assassin, j’ai fait un featuring sur leur album et de là est venu La Rumeur et on a formé le collectif avec Hamé, qui est venu peu de temps avant et bien sûr avec Philippe et Mourad.

LB : Notre premier concert, c’était en première partie de Timide et Sans Complexe à l’époque d’Ultime Coalition. Il y avait juste Ekoué, moi et un DJ : on était déjà un collectif. On a toujours fonctionné en termes de collectif. Même quand on a sorti les trois volets, c’était le collectif. La Rumeur. Le premier volet c’était Ekoué, le deuxième c’était Hamé et le troisième moi et Mourad. Je pense que le fait de fonctionner en collectif aujourd’hui, ça nous permet de continuer à évoluer sous le nom de La Rumeur, avec Mourad qui peut apparaître de temps en temps et DJ Kool M qui vient sur des gros concerts. Tout ça pour dire qu’au départ, La Rumeur n’est pas un boys band. C’est vraiment une amitié de quartier. Ekoué, Mourad et moi, on vient tous les trois d’Elancourt. Avant d’être un groupe de rap on est vraiment des amis.

E : C’est pas que du business.

D’où vient le nom La Rumeur ?

E : C’est venu dans une conversation avec Rockin Squat. On a regardé dans le dictionnaire, on a vu La Rumeur, on s’est dit vas y.

Et toi d’ailleurs Ekoué, que retiens-tu de cette rencontre avec Rockin Squat ?

E : Je retiens quand même du bon. Finalement, c’est quelqu’un qui connaît très bien le hip-hop et qui m’a donné l’opportunité de rapper sur l’album d’un des groupes majeur à l’époque ( « L’homicide Volontaire” en 1995, ndlr). Je pense que s’il l’a fait, c’est qu’il me trouvait un certain talent. Après je ne suis pas trop fan de ce qu’ils font artistiquement, c’est pas vraiment ce que j’ai envie d’entendre, mais je respecte.

LB : On ne fait pas les mêmes choses tout simplement.

E : Mais c’est quelqu’un de généreux en tous cas, il sait tendre le micro. On a eu des points de divergences dans le passé qui se sont estompés avec le temps. Aujourd’hui La Rumeur/ Assassin c’est différent, on n’a pas le même point de vue, pas le même parcours, le même vécu, mais je peux pas nier que c’est quelqu’un qui connaît bien la culture hip-hop, qui peut déceler chez un MC tout son potentiel et le pousser à bout, c’est indéniable.

 

Après les trois premiers volets, vous sortez en 2002, l’album « L’Ombre sur la Mesure ». Quelle évolution par rapport aux trois premiers projets ? C’est l’album qui a formé votre fan base ?

E : On va dire que cet album, c’était une version moins artisanal de la trilogie des volets. La trilogie, on était dans les boucle jazzy à la Pete Rock, à la DJ Premier parce que c’était la sensibilité des DJ’s. Il y en a qui sont restés bloqués à l’époque de « L’Ombre sur la Mesure ». C’est un peu regrettable. Moi personnellement, ce n’est pas mon album préféré de La Rumeur. Les deux albums que je préfère sont « Du Cœur à l’Outrage » et « Tout Brûle Déjà », le dernier.

LB : Mais voilà, on ne va pas renier notre histoire « L’Ombre sur la Mesure », c’était un gros tournant de La Rumeur, c’était la première signature en maison de disque du groupe, on a fait l’album dans des conditions confortables, il faut l’avouer parce qu’il y avait la major derrière. Chaque album de La Rumeur, s’inscrit dans un créneau bien particulier. « L’Ombre sur la Mesure », c’était un peu plus jazzy, « Regain de Tension » avait un côté plus vindicatif et électro, « Du Coeur à l’Outrage » c’était entre l’électro et le jazzy et « Tout Brûle Déjà » le dernier album, on assume clairement le côté rap/hip hop/électro. Dans le dernier album, il y a un peu de tout : le côté sample assumé avec le morceau Un Soir Comme un Autre, le côté électro assumé avec Le Chemin est Long et un côté rock avec le morceau Tout Brûle Déjà.

E : C’est vraiment l’album qu’on voulait faire. Sur les autres albums on avait des déceptions sur certains titres. Là en termes de productions c’est vraiment ce qu’on voulait. On se régale sur scène. Au début on avait du mal à démarrer lors des concerts mais là à Grenoble on se rend compte que les morceaux du nouvel album sont vraiment un cran au-dessus. Nous on fait de la musique, donc par définition on ne voulait pas s’enfermer, et s’enfermer dans le jazz notamment. Le rap fait appel à des influences différentes. La musique qu’on propose aujourd’hui marche indéniablement. On aime bien le sample mais on aime bien aussi rapper sur des fréquences saturées. Le morceau Premiers sur le Rap, on aime ou on n’aime pas mais c’est un classique de La Rumeur. Qui ça étonne encore, c’est un classique.

LB : Je pense qu’on a appris à travailler la musique en fonction de l’énergie sur scène. Sur « L’Ombre sur la Mesure », les morceaux étaient plus posés.

E : On vient de la scène nous, on n’a pas eu la radio.

Justement est- ce qu’un morceau comme Premiers sur le Rap aurait existé sans l’affaire judiciaire, sachant que Skyrock est à la base de votre affaire ?

E : A la base, Skyrock avait porté plainte contre moi pour appel au meurtre, la plainte a été déboutée et quelques jours après, la plainte de Sarkozy est tombée. Mais oui le morceau aurait existé car on l’avait fait avant.

LB : Et puis Skyrock, c’était une radio qu’on fustigeait dès la départ. En commençant le rap, on a vu cette radio monter et on a tout simplement senti l’imposture d’une radio qui aimait l’argent que pouvait dégager le rap mais qui, foncièrement, n’aimait pas le rap. Donc en voyant ça, on savait qu’on allait insulter ces gens et qu’on n’allait pas les courtiser en leur envoyant nos albums, on s’en bat les couilles.

Cette radio ne vous a jamais proposé…

E (qui coupe) : Si vite fait, mais on leur a dit d’aller se faire enculer. Moi j’ai pas envie de passer sur cette radio de merde. Ça a été dit dès le départ.

Pour en revenir à l’album « Tout Brûle déjà », vous abordez dedans de tous nouveaux thèmes, la vie de famille, la paternité, le temps qui passe… Pour autant, est-ce que les combats sont restés les mêmes qu’il y a 15 ans ?

E : Ils évoluent. Mais nous on n’est pas dans un combat. On est dans une lecture réaliste et quotidienne. La Rumeur a une connotation militante parce qu’on a été attaqués et parce qu’on prend position par rapport aux radios, par rapport à la politique, à l’immigration et à différents problèmes sociétaux. Mais nos textes parlent de nous, de notre quotidien, de ce qu’on est. Des textes comme Champs de Canne à Paname, Blessé dans mon Ego, L’oiseau Fait sa cage ou Le coffre- fort ne suivra pas le corbillard, parlent de ce qu’on est. Après c’est clair que la spécificité du groupe est d’articuler un discours politique mais c’est sur la base de ces constats simples. On joue pas dans la même cour sur le dernier album, c’est juste un morceau qu’on a fait parce qu’on avait envie de se faire plaisir. On aime bien fumer des bons cigares et boire de bons cognacs. Quand je vais chez Hamé, ses enfants me cavalent entre les jambes. On a 37 ans donc on parle de ça aussi. Bizarrement ce morceau n’a pas été trop mal accueilli, des gens n’ont pas compris, mais tant pis.

LB : À partir du moment où tu fais du rap qui est en adéquation avec ce que tu vis, que tu n’as pas l’impression de te trahir et de mentir aux auditeurs, l’accueil reste positif. Nous on n’a jamais eu l’impression d’être dans un combat, on a fait du rap naturellement parce qu’on avait des choses à dire, un environnement à critiquer. C’est ça le rap par définition, critiquer l’environnement dans lequel il est né. Quand tu t’écartes de ça, pour moi c’est plus du rap.

E : Mais faut pas non plus trop se prendre la tête, vous avez vu sur scène on s’amuse. Il y a de la vie et La Rumeur c’est ça aussi.

LB : On est des bons vivants, autant on peut critiquer l’environnement dans lequel on évolue, mais on sait aussi rigoler dans la vie. Moi quand je sors ma fille au parc, je suis pas vénère, je ne montre pas les dents (sourire).

E : On respecte le métier d’enseignant mais on n’est pas des profs. On dit ce qu’on a à dire, des gens se retrouvent dedans, d’autres pas. Chacun voit midi à sa porte. Pour en revenir à la question, La Rumeur est un groupe subversif. On peut écrire des choses plus légères mais le contexte fait qu’on est forcément dans la subversion. Quand, à la télé, on dit qu’on ne vote pas, 99,9% des gens sont contre nous mais on assume cette position.

Alors que vous dîtes que La Rumeur est ce qu’il y a de plus politique.

E : Oui, mais le politique ne passe pas forcément par la question du vote. Et ça les gens ont du mal à le comprendre. Comme a dit Hamé lors du concert, le Sarkozisme sans Sarkozy, on l’a senti venir à 10 km. On assume nos positions et on les défend, notamment sur le vote. Et nos albums s’inscrivent dans ce tout.

Plus seulement vos albums puisque vous avez des projets littéraires et au cinéma.

E : Pour en revenir à nos projets, fort du succès de « Tout Brûle déjà » et du cours métrage de Hamé (« Ce Chemin Devant Moi » sélectionné lors du dernier festival de Cannes, ndlr), on investit aussi l’image. On a des films à faire et on va éditer aussi des livres. Le premier livre qui sortira sera un livre de photos réalisé bénévolement par un ami du Var qui a illustré nos textes en photos .

LB : D’une manière ou d’une autre, ce sera des auteurs dont on se sent proche de la sensibilité.

E : Ce ne sera pas de la socio.

« L’Afrique devrait être un continent souverain économiquement, politiquement et culturellement »

Pour parler un peu politique internationale, on sait que l’Afrique est l’un des thèmes que vous privilégiez. François Hollande a récemment déclaré à Dakar que l’Afrique allait devenir un grand continent émergent. Un commentaire là-dessus ?

E : Oui, c’est ce qu’ils ont tous déclaré. Ça rentre dans une oreille et ça ressort par l’autre. On sait très bien qu’ils ne lâcheront pas la Françafrique de ci-tôt. Il en va directement de leurs propres intérêts géostratégiques et politiques. C’est des annonces, des grands effets de manche mais la politique restera la même. Dans son discours, Guaino a au moins eu le mérite de la franchise. Lui il a clairement mis en avant l’Afrique de Papa, qui prends les africains pour des singes. Hollande a essayé d’y mettre la forme mais après nous, on juge sur des actes concrets.

Comme la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique devrait être un continent souverain économiquement, politiquement et culturellement. Elle doit avoir sa propre monnaie. Elle doit rentrer dans le concert des grandes nations avec ses spécificités liées à son histoire et son environnement. C’est pas aux occidentaux de faire et de défaire des pouvoirs politiques en fonction de leurs intérêts. Mais maintenant, ça va changer.

LB : Il y a une diaspora. Aujourd’hui les mecs ne sont plus dupes de ce que la France a fait et continue de prendre à l’Afrique. Les mecs vont à l’école et prennent des diplômes donc ne sont plus trompés. C’est pour ça qu’on incite humblement les petits frères à prendre des diplômes.

E : C’est même pas ça… Enfin c’est ça aussi, mais aujourd’hui si tu déconnectes l’immigration de la réalité politique des pays qui produisent de l’immigration de masse, tu rends le débat complètement caduque. Quand il y aura une prise de conscience, certains voudront rentrer dans leurs pays à force de se faire cracher dessus en France. Et dans leur pays d’origine, ils seront confrontés à la réalité. Ils verront la patte de l’Occident partout dans les arcades économiques et du pouvoir et se diront que la situation ne peut pas durer ce qui suscitera une prise de conscience en France. Après on te met des gardes fous comme l’Islam ou autres mais on refuse de parler de l’économie, du structurel alors que les problèmes viennent de là.

«Quand il y aura une prise de conscience, certains voudront rentrer dans leurs pays à force de se faire cracher dessus en France »

 

Puisqu’on est dans l’actu, avez vous entendu parler du drame d’Échirolles ?

E : Moi je suis vraiment atterré.

LB : Consterné. Grosse pensée à leurs familles et leurs proches, c’est déplorable ce genre de faits divers. C’étaient deux petits dans les études, sans histoires.

Comme souvent, il y a eu de grands débats sociétaux après ce massacre. Pour vous, les porteurs du couteau sont-ils les seuls responsables ?

E : Oui évidemment. On ne va pas aller chercher des espèces de réponses…

LB : Si je croise les responsables je leurs mets mon poing dans la gueule.

E : Au bout d’un moment, c’est juste deux jeunes de 20 ans qui se font larder de 40 coups de couteaux, il n’y a aucune justification à ça. Je ne cherche pas des explications sociales, politiques ou je ne sais quoi. C’est un acte criminel qui doit être appréhendé en tant que tel et vraiment paix à leur âme.

LB : À Grenoble ou chez nous à Paris ce sont des choses qui arrivent trop souvent. C’est un fait divers trop fréquent.

E : J’ai été vraiment touché par cette affaire, t’enlèves pas la vie pour des conneries, c’est vraiment déplorable.

LB : Les petits cons qui ont fait ça méritent la prison à vie.

E : Paix à l’âme des disparus, que Dieu ait leur âme à ses petits frères. Dédicace à Sofiane et Kevin et tout le soutien pour leurs familles.

Ce soir à Grenoble, il y avait un autre concert rap avec Youssoupha & Orelsan sur la même affiche. Certains médias locaux ont comparé vos ennuis judiciaires respectifs.

LB : Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Nous on a été attaqués par Sarkozy.

E : J’ai même pas envie de rentrer dans la polémique. Pour moi on ne fait pas la même musique. Il se fait attaquer par un scribouillard (Youssoupha par Eric Zemmour, ndlr), il prend 700 euros de PV. Et maintenant il a tous les médias, jusqu’au Figaro, qui l’encensent. Nous à part se faire cracher à la gueule par tous ces journaux… C’est là que tu la vois la distinction.

Ekoué, on t’a entendu participer à l’album de Youssoupha dans l’outro du morceau Menace de Mort inspiré justement de ces ennuis judiciaires.

E : Oui, il m’a invité par rapport à son truc parce qu’il avait au moins le mérite de parler de notre affaire dans un article du Monde donc c’était une façon de lui rendre la pareille. Mais nous on n’a jamais fait de morceaux sur notre affaire avec Sarko. On n’a jamais transformé ça en une opération commerciale ou marketing. Nous ce n’est pas notre rayon. Derrière le texte de Hamé, il y a des morts. Il y a des vies. Donc maintenant si tu veux être dans le concret, tu files une parties de tes bénéfices, tu fais des trucs .

LB : Au-delà de ça, tous ces rappeurs qui vont sur Skyrock, au bout d’un moment ils essaient de péter de travers et s’étonnent d’être en procès. Il ne faut pas bouffer à tous les râteliers. Nous on ne mange pas de ce pain là, on n’a jamais été sur Skyrock. À partir du moment où tu vas sur cette radio, et qu’ensuite t’essaies d’être un peu subversif, n’vas pas ameuter la terre entière derrière et pleurer dans les médias.

E : Puis on revendique le fait que notre affaire est sérieuse. Et eux tu peux me les mettre en face, je m’en fous. L’autre (Orelsan, nldr) il va en studio pour écrire un morceau qui s’appelle Sale Pute, super quoi. Après il se défend, il fait ce qu’il veut, c’est sa soupe j’en ai rien à foutre. Il y a des affaires beaucoup plus sérieuses. On a des potes qui vont aux assises, je m’en fous de leur gueule à eux. S’ils arrivent à vendre des disques avec ça, je suis content pour eux. Mais on ne fait pas le même rap.

«À partir du moment où tu vas sur cette radio, et qu’ensuite t’essaies d’être un peu subversif, n’vas pas ameuter la terre entière derrière et pleurer dans les médias »

Pour rester sur la scène actuelle , il y a des jeunes qui cartonnent comme 1995 et L’Entourage.

E : Oui ben c’est bien, c’est bien. Moi franchement, j’écoute pas mais je suis content pour eux. Ils font leur truc. Ils essaient de ramener un truc à l’ancienne, ils rappent, c’est bien pour eux.

LB : Ils ont le mérite d’essayer d’être différents. Après ce n’est pas notre créneau, on n’est pas de la même génération donc on n’a pas le même public. Même dans le rap américain, j’ai du mal à écouter la nouvelle génération même si ça m’arrive d’écouter du Rick Ross ou du Wiz Khalifa. Mais je ne vais pas aller écouter du rap français pour teenager.

E : Ils s’éclatent sur scène. En tous cas, ils en ont compris l’utilité, ils aiment le rap. Ils font des musiques à base de sample. Moi je respecte leur démarche, qu’ils fassent ce qu’ils ont à faire, qu’ils vendent un paquet de disques, on verra sur la durée.

LB : Il y a une scène émergente et tant que ces gens continuent à faire de la scène, c’est bien. À partir du moment où un artiste se détache des concerts et qu’il s’enferme en studio pour enregistrer des tubes qui passent en boucle sur Skyrock, c’est plus un rappeur. Nous on est un groupe de scène, on a plusieurs centaines de concerts dans les jambes et aujourd’hui, on continue à faire des concerts, on fait des disques, on a notre boîte de prod, un label qui est viable. Un artiste ne doit pas être détaché de la scène. Si tu ne peux pas faire des concerts que ça soit dans des petites salles, en plein air ou dans des grosses salles comme l’Olympia, tu n’es plus un artiste, tout simplement.

C’est quoi votre sauce en ce moment ?

E : Moi j’aime bien 400 Hyènes, Keuj du groupe Spécio, Sheryo

Si je vous dis Anfalsh, Matière Première ?

E : Oui, j’aime bien B-James, Prodige et Al.

Casey plus trop ?

E : Non, plus du tout.

Blanc dans l’assemblée

LB : Ouaiiiiiiiiis !

« On a pour projet de faire trois albums solos »

On a parlé de vos projets hors musique. Et vos projets musicaux alors ?

E : On a pour projet de faire trois albums solos. Moi ça fait longtemps que je veux en faire un donc je vais en faire un, Philippe va en faire un et Hamé aussi mais ça sera dans l’esprit d’une trilogie, dans un tout. Ça sortira prochainement mais d’ici là, on sortira peut-être « Les Inédits 2 » en janvier 2013 je pense. On va enregistrer des inédits et reprendre des vieux morceaux qui n’étaient pas sortis dans le 1.

Vous vous voyez où dans 15 ans ?

E : Je sais pas mon frère.

LB : A la tête d’une multinationale (sourire).

Quels sont les cinq meilleurs morceaux de la Rumeur selon chacun de vous ?

LB : Blessé dans mon Ego, 365 Cicatrices, Un Chien dans la Tête

E (qui coupe) : Non, Le hors- piste.

LB : Oui mais ils ont dit chacun (rires) ! Donc Un chien dans la tête, Qui ça étonne encore et Hors Sujet.

E : Blessé dans mon Ego, Le Hors- piste, 365 Cicatrices, Qui ça Etonne Encore et ex acquo Un Soir Comme un Autre et Hors Sujet. Et je suis très fier du morceau Quand la Lune Tombe aussi.

LB : De tout façon aujourd’hui La Rumeur, c’est 3 maxis, 4 albums etc… On a de nombreux morceaux à notre catalogue.

D’ailleurs le dernier album marche bien ?

E : Oui, c’est l’album à 6 mois d’exploitation qui a le mieux marché.

Et beaucoup de dates qui s’annoncent sur la tournée ?

E : Pas trop parce qu’on écrit un film et qu’on a pleins d’autres projets.

LB : On est obligés de refuser des concerts parce qu’on n’a pas le temps.

E : On a des vies de familles et des vies de couples, on a envie de se consacrer à nos petites femmes et à nos vies. Mais pour les albums solos et pour les « Nord sud Est Ouest » on ira partout où on nous invite.

Le Bavar explose de rire après cette réflexion d’Ekoué.

Merci beaucoup La Rumeur.

LB : Merci à vous. Dédicaces aux gens de Grenoble qui écoutent radio Campus et aux gens qui sont venus au concert de ce soir.

E : Et grosse pensée pour Kevin et Sofiane. Les frères sont partis et même si cette affaire a fait la une des journaux, à juste titre, on est vraiment solidaire avec les familles et avec les gens qui ont souffert dans ce drame. 20 ans et 21 ans, ce n’est vraiment pas un âge pour mourir. Une pensée très fraternelle, très chaleureuse pour les gens qui ont souffert dans ce drame, vraiment.

 

Propos recueillis par Antoine Fasné et Gabriel de la Héronnière.
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